Qu'on se le dise, Quentin Tarantino est surement le cinéaste le moins conventionnel de tout Hollywood et de loin. Il revient avec son huitième film, encore un western mais cette fois-ci, tournée en quasie intégralité en huis clos. Et pour ce film claustrophobe au possible, il a choisi un casting pléthorique, huit mauvaises graines comme on en fait plus, pour notre plus grand bonheur.
Pris par une tempête de neige, l'un est un chasseur de prime arrivant en diligence, l'autre un Black ancien soldat de "'l'Union" trimballant une lettre du président Lincoln; la prisonnière du premier est une bourrique de la pire espèce; et, tout ce gratin va trouver refuge dans une mercerie où réside déjà un bourreau Anglais propre sur lui, un ancien général sudiste raciste, un autre sudiste se faisant passer pour le nouveau shérif du coin et un cowboy silencieux et fort mystérieux...
On comprend très vite que le film est une ode à la haine, chaque protagoniste déteste l'autre pour des raisons qui lui sont propres. Ici, pas de gentil ou de héros, que des engelures de première catégorie. Avec cette petite mercerie, Tarantino dresse un portrait des Etats-Unis actuels (limité en nord et sud dans le film) avec un Noir, un Mexicain, une représentation du colon Anglais, une femme battue et des Blancs. La violence est omniprésente, que ce soit dans les dialogues d'une qualité rare ou dans l'effusion de sang après chaque coup de feu tiré. Derrière le genre portrait, "les Huit Salopards" cache donc une profonde réflexion sur ce qu'est, aux yeux de Tarantino, les Etats-Unis. Un pays où le racisme, la violence sur les femmes, la méfiance est toujours présent.
On reste donc dans le même moule que son précédent film "Django Unchained" mais monté à la sauce "Reservoir Dogs". Filmé en pellicule avec la résolution HD, le film est superbe et la réalisation impeccable. A la manière d'une pièce de théâtre, la mercerie est divisée en plusieurs espaces qui donnent des scènes très ouvertes où chaque décor est bien distinct de l'autre. Le casting ne laissait pas l'ombre d'un doute quant à la qualité d'interprétation de chaque protagonistes, ils sont tous aussi odieux qu'ils en ont l'air. Les amateurs de B.O seront surement ravi d'écouter les partitions de Monsieur Ennio Moriconne, spécialiste du genre et toujours aussi talentueux. Finalement, seul le scénario paraît un brun en deçà et ceux qui passeraient à côté de tout le reste pourraient trouver le film un peu long.
Pour conclure, vous l'aurez compris, je suis sorti de la salle avec le sourire. Le film est véritablement excellent et propose une satire moderne dans un contexte post guerre de sécession remarquable. Ce film ne plaira probablement pas à tout le monde mais qu'importe, Tarantino fait partie de ces génies dont les œuvres font débat et ses "Huit Salopards" n'ont pas fini de faire couler beaucoup d'encre.